mardi 28 février 2012

Sur comment tout a commencé, sur les blogs et sur comment « stupide » veut dire justement le contraire


Je suppose que tout ait commencé ce vendredi après-midi il y a plus de vingt ans où tous les étudiants de Ciudad Libertad intéressés aux arts, avons été rassemblés pour nous communiquer que ce jour-là nous n’aurions pas de cours de notre spécialité habituelle parce qu’on devrait tous participer dans une compétition d’écriture. Ciudad Libertad étant la plus grande école du pays, il y avait beaucoup d’enfants dans une seule pièce. Ceux qui étudiions du théâtre étions dans un coin de la pièce, pas loin des danseuses et des peintres, assis par terre avec une seule feuille de papier à notre disposition et l’exagérée limite de temps d’une heure. Ceux qui étudiaient l’écriture n’étaient pas là. Ils devaient être dans un autre étage, confortablement assis et avec leur professeur habituel en leur surveillant de très près. Mes collègues du théâtre, au présent des vagabonds habituels de mon natal Marianao, n’ont rien fait, sauf mettre leurs noms et, peut-être, ajouter quelque chose de la sorte de « Il était une fois… ». Toujours un étudiant très correct, j’ai raconté l’histoire d’un enfant désorganisé qui, tout d’un coup, découvrait l’importance d’être conséquent avec le monde autour de lui. Naturellement, je n’ai pas utilisé le mot « conséquent” dans cette occasion.

Et donc, un mois plus tard, ou peut-être plus, dans un autre meeting vendredi après-midi, on a annoncé que le gagnant de l’obligatoire concours municipal d’écriture n’était pas autre que moi. Je me souviens de mon excitation en écoutant mon prénom suivi du nom de mon père et de celui de ma mère. Même si je ne possède plus ce défaut, j’étais un enfant très modeste. Donc, moi et mes grandes dents nous sommes allés recevoir les cadeaux. On m’a donné beaucoup de choses (petites mais beaucoup) que j’ai partagées avec mes copains du théâtre, qui étaient encore plus heureux que moi. I faut remarquer que, même si actuellement au chômage ou en prison, ils étaient tous de très bons enfants. Ça a été une bonne journée.

J’aimerais vous dire que ça a été le début d’une merveilleuse histoire d’amour entre moi et la littérature, mais ce n’est pas le cas. Ça a été la seule incursion de ma vie dans ce genre, même si je le considère comme le plus grand des arts. Je suis parti vers une autre direction, je me suis évanoui, j’ai considéré que j’avais le talent pour d’autres choses et j’ai laissé l’écriture pour des autres. Toujours lecteur (de n’importe quoi) mais pas écrivain. Quelques monologues j’ai écris après et à l’université j’ai fait quelques rapports en anglais ou français. Mais rien qui n’était pour gagner quelques applaudissements ou obtenir une bonne qualification.

Et l’ère des blogs est arrivée. À un certain moment, écrire un blog est devenu l’un des droits basiques de l’être humain, avec se marier avec une bonne femme, ne pas voler et avoir un boulot. Tout le monde semble avoir un blog. Même à Cuba, où personne n’a pas d’accès à l’Internet. Selon Wikipédia, il y a 156 millions de blogs dans le monde. Ce sont beaucoup de blogs. Donc, je me suis dit, après avoir lu quelques-uns et faire quelques renseignements que pourquoi pas ? Je pourrais mettre ensemble mon bon sens de l’humour, mon mauvais caractère et mon absence de fautes d’orthographe et faire un blog.

Mais sur quoi allais-je écrire? Langues étrangères? Cinéma? Sexe? Moi-même? Beaucoup de choses m’intéressent, ça c’est sûr. Finalement, la réponse m’est venue un jour: sur n’importe quoi. N’importe quoi, n’importe quand, n’importe où, n’importe comment. Je crois que tous les blogs sons pareils mais j’avais quand même besoin d’établir certaines règles. C’est comme ça que “El estúpido escribir” est né en mai de l’année passée. Et depuis, j’ai été incapable de m’arrêter d’écrire. Je n’ai pas de complaints à faire sur mon blog: il exorcise mes démons, on peut le considérer comme populaire et il m’a donné les envies d’écrire des choses un peu plus “sérieuses”.

Et donc, un jour, j’ai décide que je voulais que des personnes d’autres pays pouvaient être capables de lire mes pensées et anecdotes eux-aussi. Bien sûr, ce n’est pas le même blog. C’est peut-être les mêmes histoires et la même personne qui parle, mais la façon de s’adresser à des étrangers ne peut être la même que celles de s’adresser aux personnes qui habitent (ou qui ont habité, compte tenu qu’une grande quantité de mes lecteurs n’habitent plus dans l’île) près de soi. Mais je peux de toute façon dire quelque chose d’intéressante. Sera-t-il si populaire que la version espagnole? Je ne sais pas. Et, franchement, je m’en fous. Écrire c’est comme l’oxygène pour moi maintenant, donc de temps à autre, en attendant la parution de mon premier roman, je pourrai écrire quelques choses en français ou même traduire quelques-uns de mes posts en espagnol. De toute façon, j’ai laissé mon boulot il y a deux semaines, donc j’ai du temps libre.

Cependant cette idée merveilleuse porte un problème majeur: le langage. Bien sûr que je peux parler, comprendre, lire et même écrire en français, mais est-ce que je peux être si malin, passionné, délicat, offensif et agressif dans le langage de Molière que je peux l’être dans celle de Cervantes? De toute façon, j’ai rien à perdre. Mais vous êtes avertis: je ferai des erreurs et sans doute n’atteindrai les mêmes moments qu’en espagnol, mais quand même c’est vraiment moi qui écris (et pas un traducteur né à Paris et qui ne connaît rien sur Cuba), donc vous pouvez omettre ça et vous laisser emporter.

Pourquoi “stupide”? Bon, je suis un perfectionniste, cause par laquelle je ne fais jamais rien. Donc, le nommer “stupide” me permette d’écrire beaucoup sans penser qu’il doit être parfait (ce qui pourrait me prendre trois mois pour un écrire un seul post). Si on ajoute que le français ce n’est pas ma langue maternelle on pourrait renommer mon blog comme “le TRÈS stupide écrire”. Mais je ne vais pas le faire réviser avant de le publier, sinon on devrait le renommer « le très fatigant (et toujours stupide) écrire ». Donc, je préfère le risque de commettre des erreurs.

C’est officiel : l’enfant d’il y a plus de 20 ans est retourné. Maintenant assis devant un ordinateur, un peu plus cynique, dans une autre langue et avec beaucoup plus d’histoires à raconter sur des enfants désorganisés qui, tout d’un coup, découvrent l’importance d’être conséquents avec le monde autour d’eux. Je ne m’attends pas à gagner des prix maintenant (comme je n’y avais pas aspiré non plus cette fois-là) et je n’espère même qu’il soit lu (même si ça serait bon). Je promets d’être moi-même et de ne pas changer un seul mot pour gagner quelque lecteur. Je veux me prouver que jeux peux écrire dans une autre langue comme je me suis déjà prouvé que je pouvais écrire en espagnol.

J'ai écris tout ça et je suis déjà convaincu de continuer à le faire. Peut être avoir un blog soit l’un des droits basiques de l’être humain que j’ai peux entretenir (étant donné que les autres…), peut être je puisse laisser d’être un peu cynique (mais pas beaucoup) et peut être, au cas où j’arrive à faire rire, émouvoir ou réfléchir à quelqu’un, cet écrire ne soit pas, après tout, si stupide.


P.-S.: Je dédie ce post initial à tous mes copains du cours de théâtre d’il y a plus de vingt ans, auxquels je n’ai jamais revus et auxquels j’ai découvert, en écrivant ça, combien je les ai aimés.

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